Chroniques & autres considérations

CONFESSION D’UN HYPOCONDRIAQUE (Christophe Ruaults)

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Votre serviteur souffrant d’hypocondrie, lorsque j’appris l’existence de ce petit roman, il me fut difficile de résister à l’envie de le lire. Son auteur est un journaliste, Christophe Ruaults, qui confesse sans mal faire partie depuis l’adolescence de cette grande famille des gens ayant branché leur corps sur écoute. À côté, l’affaire des écoutes de l’Élysée est une aimable plaisanterie. Confession d’un hypocondriaque est le moyen pour lui de mettre sur le papier ses angoisses de malade imaginaire en les enrobant d’un humour et d’une autodérision qui viennent sans mal animer les zygomatiques.

Durant 250 pages, nous allons suivre les angoisses de Thomas. Tout comme l’auteur, un oncle lui a offert dans ses jeunes années une encyclopédie médicale, véritable cadeau empoisonné qui contribuera à le faire basculer dans le monde merveilleux des angoissés chroniques pour qui la moindre douleur étrange est nécessairement le signe d’un cancer, si possible en phase terminale, où un mal de tête est le signe avant-coureur d’une rupture d’anévrisme ou d’un AVC. Tout comme l’auteur toujours, Thomas est journaliste. Ces similitudes entre le personnage principal du roman et l’auteur font de ce récit une biographie assumée par Christophe Ruaults, quand bien même la plupart des faits narrés sont inventés et forcent le trait pour prêter à rire de ces exagérations dans lesquelles les malades imaginaires aiment à s’embarquer lorsque le petit vélo apeuré se met en branle dans le cerveau.

« La suite immédiate se déroule aux toilettes car le travail préparatoire à la coloscopie a ceci de commun avec la méditation transcendantale qu’il permet de faire le vide en soi. »

(Confession d’un hypocondriaque)

Chez Thomas, ce petit vélo se prénomme Charlie. Charlie est son double névrosée et malade, cette petit voix intérieure qui le pousse à enchaîner les examens, à se shooter aux salles d’attente, à consulter son médecin traitant jusqu’à plusieurs fois par semaine. Et ce dernier tient la dragée haute à Thomas. Il est aux commandes et n’entend pas laisser la raison reprendre les manettes. Pour ne rien arranger, notre journaliste de Thomas est responsable du service Santé d’un magazine d’actualité, ce qui est loin d’être le meilleur des remèdes pour bâillonner Charlie. Tout hypocondriaque qui se respecte sait combien ses ruminations permanentes pèsent sur lui-même mais aussi sur ses proches. Thomas n’échappera pas à cette règle d’airain. Sans trop en dévoiler, son couple sera particulièrement éprouvé.

L’écriture est simple, sans grands artifices. Si vous recherchez de la véritable littérature, passez votre chemin. Pour autant, le livre n’est pas mal écrit. Avec son style direct, il sait embarquer le lecteur pour le faire rire souvent, le toucher et l’émouvoir parfois. Si je vous dis que le chat de Thomas se nomme Guronsan ou bien qu’il considère qu’on « a du abattre plus d’arbres pour ses ordonnances que la tempête de 1999 », vous avez déjà une bonne idée des plaisanteries et de la dérision qui émaille les lignes. Pour l’émotion, lisez donc cette confession d’un hypocondriaque jusqu’à son terme pour qu’elle vienne vous cueillir de la plus inattendue des façons.

Un récit qui, sans se ranger parmi les œuvres indispensables, saura vous faire passer un agréable moment avec une belle inventivité pleine de fantaisie et une fin aussi surprenante que touchante.

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